Le pop art a vu Andy Warhol et ses contemporains remplir les caddies dans une société d’hyperconsommation. Allison Zuckerman, elle, prélève des morceaux d’une réalité réduite à des selfies et à des followers, en entaillant la chair de l’époque. De nos jours, l’espace, bien que réduit, est devenu infiniment plus grand. La toile virtuelle n’a pas remplacé l’originelle, celle de l’artiste, mais les deux coexistent maintenant. C’est ainsi que le mille feuille de références et de techniques se déguste de différentes manières : certains le découpent horizontalement, tandis que d’autres l’écrasent pour faire jaillir la crème pâtissière.
Ces portraits miroirs taillés à la serpe permettent à chacun de se reconnaître. Les exclamations de la pop culture se sont transformées en émojis, et les logos en postures, comme le sourire commercial « H&M » des mannequins de « Sans Filtre » de Ruben Ostlund, Palme d’Or à Cannes en 2022. Le mille feuilles qui superpose des décennies et des références à l’histoire de l’art, des techniques, ainsi que des choses vues d’une époque en voie de numérisation, est la quintessence de cette génération mutante et globale qui se laisse volontiers reconduire à la case départ, comme d’autres vont au Mont Athos ou prient à l’Académie, temple de la connaissance et des arts.
Allison Zuckermann associe volontiers les références aux maîtres et la bande dessinée, les stories d’Instagram aux icônes de Snapchat et de la télé réalité, citant George Condo, prince de l’artificial realism, qui a prôné l’interchangeabilité entre tous les langages de l’art. La culture appli se met à l’œuvre via les collages, transformant Dora Maar en influenceuse, les beautés Renaissance en accros au contouring, surfant sur la toile cirée du mauvais goût planétaire si justement épinglé. Allison Zuckerman est tel un pâtissier vidant sa douille, entourée de colorants et de fruits déguisés. Ses héroïnes, multi-dimensionnelles, parlent en pagaille de l’Amérique et de ses interdits. Entre les feuilletages, le malaise est là, grimant des visages à la Joker, détectable dans les pas d’une desperate housewife perchée en stilettos jaunes sur un carré de placage de gazon mal tondu.
La technologie n’est pas une fin en soi, mais un médium, une raison de plus pour s’infiltrer entre deux couches de réel et de digital, pixelliser les apparences, détourner les codes, pointer la violence anodine d’un geste, l’hilarité trop sonore d’un rire aux dents blanc lavabo, rendre le monde encore plus visible à travers l’artifice qui dit la vérité. Allison Zuckerman emporte avec elle des bouts de tout, fragments d’Erro, souvenirs de comics trip, pages déchirées d
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